L'effort principal de Merleau-Ponty, au début de son cheminement philosophique, consiste à amener l'expérience perceptive à l'expression de son propre sens.
Pourquoi fallait-il commencer par le retour à l'expérience perceptive? Pour deux raisons qui finalement n'en font qu'une, mais dont la première fut plus explicitement reconnue par Merleau-Ponty au moment où il décida de consacrer ses thèses au problème de la perception. Il lui était évident, dès les années 1933–1934, que la perception est une forme d'expérience particulièrement mutilée et faussée par les philosophies d'inspiration criticiste qui l'interprétaient «comme une opération intellectuelle par laquelle des données inextensives (les «sensations») sont mises en relation et expliquées de telle sorte qu'elles finissent par constituer un univers objectif». Il est clair déjà que cette interprétation intellectualiste se base, par un côté, sur la conception empiriste des «sensations», et que la critique de l'intellectualisme devra être tout à la fois une critique de l'empirisme.